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" Je ne suis pas allé à Troie, c'était mon ombre. "
Euripide.
Elle est celle qui détermine,
et te colle au bas-ventre.
Elle inaugure une rase campagne,
un désert sans fin, un océan de larmes.
Elle est là,
sournoise,
et convoque le passé.
Elle est la racine qui rampe sous tes yeux
et convainc ton silence.
D’un bleu de soie,
elle se glisse sous chacun de tes mots.
Elle est la lie du vin qui délie tes pas
et te fait trébucher dans l’oubli.
Elle est résilience autant qu’alliance,
et son nom n’aspire qu’à la souffrance.
A moins que tu ne décides,
un beau matin de septembre
de lui prendre la main
et de porter son visage au loin.
© Jean-Louis Van Durme
Frappé tout d’abord en périphérie,
je désigne les contours d’un instant où je suis entré.
Je retire le sable sur mon visage
et arpente ton torse aux couleurs uniformes.
Tu te soulèves lentement.
D’une lune se cachant dans les dunes
et qui attend pour vivre de briser son silence.
Les secrets ravitaillent les montagnes
et se perdent sur les fleuves.
© Jean-Louis Van Durme
Mes mains tournent les pages
dans un vacarme ahurissant.
L’air est confus
et ne s’acclimate qu’en surface.
Les jours se succèdent,
les mois,
et des années incalculables.
L’air se charge,
s’absente, se couche
et étouffe.
Au-dehors des hommes s’agitent.
Tout ce qui fuit ici
court dans ces rues qui fourmillent.
Les jours se succèdent,
des mois,
et les années peut-être.
L’air ouvre ses plaies,
se tait,
absorbe et relie.
Un désert sous-vide
et transit de froid
s’évanouit brusquement.
Tout ce qui restreint
force et s’étend.
Qu’une vague l’emporte
du regard en dormant.
© Jean-Louis Van Durme
L’eau ne résiste pas à la tempête,
tout au plus elle s’en arrange.
Dans un exercice universel,
rien de plus.
Comme un mur d’eau pris d’assaut
sur ce néant qui nous anime
et se fond en cascade
en une eau plus limpide que le temps
déverse sur nos regards aveugles.
© Jean-Louis Van Durme
La musique éblouissante que retarde cette lumière
de fin d’été s’arrache avec ardeur et pose
sur l’origine de mes silences
les évidences que citent ces quelques
mots dans l’immobilité du jour.
Si tu t’es gorgé de mon âme,
à en rompre le son et l’éclat
et jusqu’à fendre les secrets
de ces roches polies par les braises
enchantées de ton absence;
Du sel déployé sur la paume de ma main,
il ne reste aujourd’hui que le souvenir
de vertiges rompus aux vents,
et dispersés au bord du langage.
© Jean-Louis Van Durme
Là-bas comme ici,
la lumière parcourt
l’infini que concentrent tes mots.
Eloigne-toi un instant.
Là où les rivages de ton coeur épousent
avec tranquillité les sources limpides
de tes songes et s’élancent sur les eaux
ombragées que retiennent tes déserts,
il est un écho qui remonte vers la crête des dunes
et s’abat sur les contreforts de ton existence.
Contraint le au silence,
tu te reconnaîtras alors dans une immensité qui n’attend que toi.
Pour toi qui te sens porté par l’étendue de ces chants
qu’enjambent les montagnes de syllabes en syllabes
et s’évanouissent en cercles confondus,
tu prononceras désormais tous les mots, et plus encore,
sauf deux !
© Jean-Louis Van Durme
Ainsi dérivent nos chemins,
nos regards,
qui se cambrent et s’élancent
sur les traces de chacun de nos pas.
Comme chacune de nos pensées.
Tout se tend au-dehors,
se succède, se soustrait
et s’assemble en secret.
Comme chacun de nos gestes.
L’exaltation consumée de nos corps
contient toute la mesure de l’équilibre
qui veille au-dedans.
Ivresse.
© Jean-Louis Van Durme
Si des rivières de poèmes se sont déversées
de tes falaises abruptes.
Si des marées de sables les ont ensevelies,
et recouvertes en silence.
Si le vent n’a eu de cesse de les inverser,
les réinventer, et débordant,
d’une réplique au suppliant,
les réanimer.
Jusqu’à ce que de ces roches
s’extraient des syllabes franches.
Retires-toi aujourd’hui dans l’intimité
des choses.
Et n’oublie pas que si ton coeur ne bouge pas,
la terre tourne dans l’univers et ne se noie pas.
© Jean-Louis Van Durme
Là où je saigne,
j’efface les accents tendus
qui me rapatrient à la naissance des choses.
Là où l’on s’approche.
Là où l’on s’éloigne.
Là où fuit le poème.
Et qui suit de ses doigts le contour de mes lèvres.
© Jean-Louis Van Durme
La création survit à l’érosion du temps
dans le regard que nous portent les pierres.
*
C’est l’innocence première de toute chose
et la poussière comme ultime demeure.
© Jean-Louis Van Durme
De mon propre cadavre
décoiffé par les vents,
surgira tel un peuple
corrosif et aimant,
une marge pluvieuse
inondant un désert,
quelques rides de brume
annonçant de concert,
que c’est de sable fin
que je finirai couvert.
Aux eaux limpides et froides
ruisselant sur mon corps,
glisseras sous les sables
suspendus à mon sort,
lors d’un temps sans visage
qui annonce et s’enfonce,
là où de hautes vagues
s’étendent sur nos ombres,
m’arracher du sommeil
où tout semble et s’éveille.
© Jean-Louis Van Durme
Ton regard
brûle à la surface des choses
s’en retourne prendre appui
dans un monde qui délie ses liens
en inverse le sens
et touche à sa propre fin.
© Jean-Louis Van Durme
Là où les mots se perdent
il est un horizon
qui attend à la juste
distance des choses.
Pour toi
qui croyais marcher librement
dans un consumérisme rompu
aux vents des certitudes,
et qui ivre chantais
les gloires anciennes
où tu ne reconnaissais
que les tiens,
il est un visage couché
dans l’ombre d’une étoile,
qui dépourvu d’éternité
attend les réconforts de l’oubli.
Avons-nous seulement une idée
de l’itinéraire que prend notre voyage,
dans ce revers de l’histoire
où nous ne sommes que de passage.
© Jean-Louis Van Durme
Le temps et l’espace se retirent
et réussissent à passer l’ultime
épreuve qui fait vaciller l’instant.
Tout ce que tu cherches
plonge ses racines dans ce qui
te relie à ce monde et s’en va.
Au visage de l’homme du désert
qui marche dans ce qui le relie
inexorablement à son histoire,
il est des sables en mouvement
qui désignent d’autres réalités.
Un ciel étoilé surplombe
mes souvenirs et se dissout
dans des parallèles infinis.
Alors, plutôt que de retenir les mots
sous-jacents au regard immobile
qui inondent tes rêves,
il n’est rien d’autre à faire aujourd’hui
que de t’affranchir de tout horizon
et de capter les sources de ton coeur.
© Jean-Louis Van Durme
Laisse le vent s’échouer
sur le fil qui te relie à cette page.
À l’exception de ces mots,
demain,
ne restera qu’une distance aveugle.
Dans un courant
organisé, fluide,
et vidé par le temps.
Tu contemples l’irrespirable.
La cohésion dit vague,
les liens s’arrachent et se multiplient.
Errances sous un peuplier.
Tu retourneras au désert aussi seul que tu y es entré.
Laisse l’espace séduire les prophètes,
le temps se soustraire aux promesses,
et les mots se décharger de toute intention.
Le temps n’est qu’un fil discontinu
impossible à tendre.
© Jean-Louis Van Durme